Monique Frydman
« Mes tableaux n’ont rien d’anthropomorphique ni d’organique […]. J’essaie de rendre visible l’origine du visible. »
Le travail de Monique Frydman montre un grand attachement à la peinture et à des techniques et matières auxquelles elle est fidèle depuis le début : une dose de hasard (qu’elle distribue selon les périodes), l’utilisation de différentes techniques d’imprégnation progressive de la couleur sur de multiples supports (toile de lin, de coton, papier Japon, tarlatanes, pigments et pastels), l’équilibre entre le travail pictural et le travail graphique avec l’utilisation du papier. Ses oeuvres montrent un désir d’immersion physique dans la couleur, qui lui fait privilégier des formats monumentaux.
L’artiste appartient à cette génération postmoderniste de la déconstruction radicale du tableau, mais sa pratique l’inscrit en contrepoint : la peinture devient pour elle le lieu de l’inscription du « sensible exemplaire » : depuis ses premières peintures figuratives et militantes des années 1970, les papiers de soie collés (Judith Triumphans, 1978) jusqu’aux grandes peintures abstraites qu’elle développe en séries à partir des années 1980 (Jaune Secret I,1989).
La pratique du frottage (souvent à l’aide de ficelles, disposées au verso de la toile) est celle qui, dans l’oeuvre de l’artiste, commande ce qui advient en suspens sur la toile – peinture, dessin, lignes, surface, linéaments de figures – par l’effet de couleur/lumière, dispensé par la matière volatile du pigment pur ou du bloc pastel, ou par celle, fluide, de la peinture acrylique. Elle travaille par séries de couleurs, tour à tour crépusculaires et crépitantes, dont elle expérimente la masse, la souplesse, la vibration, la transparence.